Pourquoi 928 Enfants Ukrainiens Doivent-ils Fuir Leurs Foyers à Donetsk?

La Course Contre la Montre: 928 Enfants en Danger

Pouvez-vous imaginer vivre dans un endroit où des drones bourdonnent constamment au-dessus de vos têtes, cherchant des cibles? C'est la réalité que vivent les familles qui restent encore dans la région orientale de Donetsk en Ukraine en ce moment[web:71][web:72][web:73]. Le 9 octobre 2025, les autorités ukrainiennes ont ordonné l'évacuation obligatoire de familles avec enfants vivant dans certains quartiers de Kramatorsk, dernière grande ville du Donbass sous contrôle de Kiev, située à une vingtaine de kilomètres de la ligne de front[web:71][web:72][web:73]. Cette mesure immédiate s'applique également à deux villages voisins en raison de la détérioration de la situation sécuritaire[web:71][web:72]. Ce qui rend cette situation particulièrement urgente, c'est qu'environ 928 enfants vivent toujours dans ces zones de danger avec leurs familles[web:1][web:37].

Kramatorsk et ses environs sont visés par des frappes régulières, notamment à l'aide de drones de courte portée, ce qui entraîne des destructions d'immeubles d'habitation et d'infrastructures civiles et rend impossible l'activité des services sociaux et médicaux[web:71][web:72][web:73]. La ville comptait environ 150.000 habitants avant l'invasion russe à grande échelle lancée en février 2022, tandis que le gouverneur régional a indiqué qu'en juillet dernier, la population était tombée à 53.000 habitants[web:71][web:72][web:73]. Vadym Filashkin, gouverneur de la région de Donetsk, a déclaré que l'évacuation forcée des familles avec enfants a commencé, soulignant que les troupes russes se rapprochent de ces localités chaque jour[web:77][web:80]. Selon les rapports officiels, l'ennemi bombarde la région de Donetsk environ 3.000 fois par jour, rendant la vie extrêmement dangereuse[web:80][web:83]. Le conseil municipal a averti que même les équipes d'urgence courent un danger si elles accèdent à ces endroits[web:71][web:72]. La cité avait été occupée par des séparatistes pro-russes soutenus par Moscou pendant plusieurs mois en 2014, avant d'être reprise par les forces de Kiev[web:71][web:72].

Avancées Territoriales Russes: La Création d'une Zone Tampon

Que cherche exactement la Russie à accomplir dans l'est de l'Ukraine en ce moment? Les forces russes ont intensifié leur offensive dans l'est de l'Ukraine, progressant vers l'autoroute Dobropillia-Kramatorsk dans la région de Donetsk[web:76][web:79]. Selon le site d'analyse militaire DeepState, proche de l'armée ukrainienne, les troupes russes ont progressé d'environ dix kilomètres vers le nord en suivant une autoroute, faisant peser une menace directe sur la ville garnison de Dobropillia, au nord-ouest de Pokrovsk[web:76][web:79]. Les reconnaissances russes ont atteint les lisières du village de Zolotyi Kolodiaz, soit une avancée de 15 km, ce qui flanque la ville de Dobropilla, désormais dernier moyeu logistique qui approvisionne le Donetsk du nord, notamment Kramatorsk et Kostantinyvka[web:79].

Le modèle est clair et inquiétant: la Russie tente d'avancer dans cette région depuis des mois, avec des mouvements en tenaille se refermant autour de Pokrovsk et Kostiantynivka[web:76][web:79]. L'offensive s'est accélérée en août 2025, mettant en péril les principales routes logistiques ukrainiennes, qui pourraient désormais être menacées par la portée des drones russes[web:76]. L'Institut américain pour l'étude de la guerre estime qu'il est peut-être prématuré de qualifier les avancées russes dans la région de Dobropillya de percée opérationnelle, bien que les forces russes cherchent très probablement à faire évoluer leurs avancées tactiques vers une percée opérationnelle dans les jours à venir[web:76]. Les prochains jours dans la zone d'opérations de Pokrovsk seront probablement cruciaux pour la capacité de l'Ukraine à empêcher l'accélération des gains russes au nord et au nord-ouest de Pokrovsk[web:76]. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que Moscou se préparait à lancer de nouvelles offensives dans le pays[web:76][web:78]. La stratégie russe vise à créer une zone tampon le long de la frontière ukrainienne pour prévenir de futures attaques ukrainiennes en territoire russe, en occupant une ceinture de villages frontaliers ukrainiens[web:24][web:27][web:81].

La Vie Sous le Feu: Quand la Maison Devient Zone de Guerre

Comment vivent réellement les gens quand la guerre arrive à leur porte? Kramatorsk et les villes environnantes sont devenues des endroits où les résidents ont appris à reconnaître le bourdonnement aigu distinctif des drones suicides russes[web:28][web:71][web:72]. Au cours des dernières semaines, les bombardements ont atteint des zones habitées, provoquant des dégâts aux infrastructures civiles et augmentant la peur parmi la population[web:71][web:72][web:73]. Les journalistes de Reuters qui se sont rendus à Kramatorsk au début octobre ont décrit une ville où les résidents ont appris à vivre avec le danger constant[web:28]. À tout moment, des milliers de véhicules aériens non habités patrouillent sur plus de 1.000 kilomètres de lignes de front, rendant même des activités basiques comme aller au marché ou récupérer le courrier potentiellement mortelles[web:28][web:71].

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de vouloir semer le chaos par ses frappes visant des infrastructures énergétiques[web:78][web:84]. La Russie a mené dans la nuit du 2 au 3 octobre sa plus vaste offensive contre les infrastructures gazières ukrainiennes depuis 2022, provoquant des coupures d'électricité et d'eau dans plusieurs régions[web:84][web:88]. Dans l'est du pays, les villes de Droujkivka, Kostiantynivka et une partie de Kramatorsk se sont retrouvées sans électricité à la suite de frappes russes[web:88]. Certaines frappes ont éliminé environ 60 pour cent de la production de gaz naturel de l'Ukraine[web:2][web:9]. L'hiver 2025-2026 se profile comme un défi particulièrement dur, avec l'Ukraine s'attendant à dépenser 1,9 milliard d'euros en importations de carburant pour compenser les infrastructures énergétiques détruites[web:9]. Les analystes notent que Moscou vise à installer le désordre et à exercer une influence psychologique sur la population en détruisant systématiquement les infrastructures critiques[web:78][web:84]. La décision d'évacuer les mineurs vise à prévenir des tragédies comme celles survenues dans d'autres villes du Donbass, où des enfants ont été blessés ou tués par des tirs d'artillerie[web:71][web:87].

Le Choix Impossible: Rester ou Partir?

Pourquoi quelqu'un choisirait-il de rester dans des conditions si dangereuses? Cette question hante les responsables ukrainiens alors qu'ils luttent pour convaincre les résidents d'évacuer. Depuis le 24 février 2022, presque 1,3 million de résidents de Donetsk ont été forcés d'évacuer, dont 197.000 enfants et 47.000 personnes handicapées[web:32][web:82]. Lors de l'évacuation obligatoire seule, les organisations caritatives ont aidé à déplacer plus de 60.000 personnes hors de la région, dont presque 10.000 enfants et 7.000 personnes à mobilité réduite[web:32]. La réticence est compréhensible: de nombreux résidents ont vécu dans ces communautés toute leur vie, ils craignent de perdre leurs propriétés face aux pillards, et certains ne peuvent tout simplement pas imaginer recommencer ailleurs[web:35][web:55][web:82].

Dans les localités où l'évacuation obligatoire est en vigueur, environ 1.163 enfants de 904 familles restent encore, la plupart concentrés dans la zone urbaine de Druzhkivka[web:23][web:77][web:80]. Au cours de la semaine début octobre, seulement 186 enfants de 144 familles ont accepté d'évacuer, montrant à quel point il est difficile de persuader les gens de quitter leurs foyers[web:23]. Vadym Filashkin a demandé aux autorités locales d'organiser l'évacuation des familles avec ces enfants dans les meilleurs délais et de garantir des conditions de vie décentes sur un territoire ukrainien plus sûr[web:77][web:80]. Le chef de l'administration de Donetsk a lancé un appel urgent: L'ennemi bombarde la région de Donetsk environ 3.000 fois par jour, être dans la région est très dangereux pour la vie. Prenez soin de vos proches, de vos enfants! Évacuez à temps![web:80][web:83]. Alors que l'hiver approche et que les forces russes continuent leur avance implacable, la fenêtre pour une évacuation sécurisée se rétrécit chaque jour. La question à laquelle sont confrontés ces 928 enfants et leurs familles dans les zones d'évacuation nouvellement ordonnées n'est pas de savoir s'ils devraient partir, mais s'ils partiront avant qu'il ne soit trop tard[web:71][web:72][web:73].