Pourquoi Israël bombarde-t-il la Syrie ? La crise des Druzes qui embrase le Moyen-Orient

L'escalade dramatique des violences sectaires en Syrie

Saviez-vous que la chute du régime d'Assad en décembre 2024 n'a pas apporté la paix à la Syrie, mais a plutôt déclenché une nouvelle vague de violence sectaire ? Le 13 juillet 2025, l'enlèvement d'un commerçant druze a déclenché des affrontements sanglants entre milices druzes et tribus bédouines dans le sud de la Syrie. La situation s'est rapidement détériorée lorsque les forces gouvernementales syriennes sont intervenues pour maintenir l'ordre, mais se sont retrouvées confrontées aussi aux Druzes.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, au moins 350 personnes sont mortes dans la province de Soueïda depuis le début du conflit. Cette tragédie reflète la fragilité du paysage sécuritaire syrien après plus d'une décennie de guerre civile. Les affrontements représentent la première escalade de violence à grande échelle dans la région à majorité druze depuis les heurts d'avril et mai 2025, où des dizaines de personnes sont mortes dans des confrontations entre combattants druzes et les nouvelles forces de sécurité syriennes.

La violence sectaire ne se limite pas aux Druzes. En mars 2025, des centaines de membres de la secte alaouite, la même que celle du président déchu Assad, sont morts dans des affrontements dans les régions côtières de la Syrie. Cette série de conflits souligne les profondes divisions ethniques et religieuses qui persistent dans le pays, menaçant les efforts de reconstruction nationale du président par intérim Ahmed al-Sharaa.

Qui sont les Druzes ? Une communauté fascinante au cœur du conflit

Les Druzes constituent une communauté religieuse et ethnique fascinante qui a capté l'attention mondiale en raison des récents événements en Syrie. Cette minorité arabophone réside principalement en Syrie, au Liban, en Israël et dans le Golan occupé. Leur foi, connue sous le nom de druzisme, émerge de l'islam chiite mais a développé une identité et des doctrines uniques qui la distinguent comme une religion monothéiste indépendante.

Pouvez-vous croire que sur environ un million de Druzes dans le monde, la moitié vit en Syrie, représentant environ 3% de la population nationale ? Leur religion est hautement secrète et n'accepte pas de convertis, ce qui en fait une communauté religieuse fermée qui a maintenu ses traditions pendant des siècles. Les Druzes pratiquent la croyance en la réincarnation et ne se considèrent pas comme musulmans, bien que certains éléments de leur foi incorporent des aspects de l'islam, du judaïsme et du christianisme.

La communauté druze en Israël, qui compte environ 152 000 personnes incluant ceux du Golan occupé, montre généralement une loyauté envers l'État israélien à travers le service militaire obligatoire. Cependant, la plupart des quelque 23 000 Druzes vivant dans le Golan annexé ne possèdent pas la citoyenneté israélienne et s'identifient encore comme Syriens. Cette situation complexe d'identité est devenue encore plus compliquée avec les récents événements en Syrie.

L'intervention militaire d'Israël en Syrie : protection ou expansion ?

Le 15 juillet 2025, Israël a lancé une intervention militaire en Syrie qui a marqué une escalade significative dans sa stratégie régionale post-7 octobre. Les forces israéliennes ont initié des frappes aériennes contre les unités de sécurité syriennes à Soueïda, prétendant agir pour protéger la communauté druze et éliminer les forces pro-gouvernementales qui les attaquaient supposément. Cependant, de nombreux analystes voient des motifs plus complexes derrière cette action.

Les attaques du 16 juillet ont élargi leur portée pour inclure le ministère de la Défense et le quartier général militaire syrien à Damas. Les images dramatiques des missiles israéliens frappant près du ministère de la Défense ont été diffusées en direct par la télévision syrienne, montrant une présentatrice cherchant refuge pendant la diffusion. Le ministre de la Défense israélien Israel Katz a déclaré que les avertissements à Damas étaient terminés et que les frappes douloureuses allaient commencer.

Saviez-vous qu'Israël a mené plus de 70 incursions terrestres et 30 attaques aériennes en Syrie depuis le changement de leadership, sans aucune provocation ? Cette agression n'est pas défensive mais stratégique, visant à maintenir la domination régionale pendant que la Syrie reste fragmentée. Le Premier ministre Netanyahu a déclaré qu'Israël ne permettrait pas aux forces militaires syriennes d'opérer au sud de Damas, exigeant effectivement la démilitarisation du sud de la Syrie.

Réactions internationales : un monde divisé face aux frappes

La communauté internationale a réagi avec une alarme croissante à l'escalade de la violence. Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a décrit la situation comme très préoccupante et a annoncé que des mesures spécifiques avaient été convenues pour mettre fin à la situation horrible. Les États-Unis ont caractérisé les tensions comme un malentendu et ont travaillé diplomatiquement avec les deux parties pour désamorcer la crise.

Plusieurs pays arabes, notamment le Liban, l'Irak, le Qatar, la Jordanie, l'Égypte et le Koweït, ont condamné les frappes israéliennes contre les forces gouvernementales syriennes. L'Arabie saoudite a qualifié l'action d'attaque claire d'Israël contre la Syrie, tandis que l'Iran a décrit les attaques comme tout à fait prévisibles. La Turquie, une partie prenante clé dans la Syrie post-Assad, a caractérisé les frappes comme des actes destructeurs qui entravent la paix, la stabilité et la sécurité de la Syrie.

Saviez-vous que le secrétaire général de l'ONU António Guterres a également condamné les frappes aériennes israéliennes qui ont escaladé les tensions à Soueïda et Damas ? Cette réponse internationale coordonnée reflète la préoccupation mondiale concernant l'instabilité régionale croissante et le potentiel d'extension du conflit au-delà des frontières syriennes.

Perspectives d'avenir : vers une fragmentation du Moyen-Orient ?

La crise actuelle a exposé l'instabilité continue du paysage sécuritaire et politique post-guerre civile de la Syrie. La violence récente soulève des préoccupations concernant la possible réignition d'attaques sectaires à travers la Syrie, menaçant les efforts de reconstruction nationale et de récupération post-conflit. Le président par intérim al-Sharaa fait face au défi d'unifier diverses factions tout en établissant le contrôle sur la Syrie.

Pouvez-vous imaginer que depuis le début de 2025, l'Observatoire syrien des droits de l'homme a documenté 91 incidents de meurtres et crimes de représailles par des groupes armés en Syrie, beaucoup motivés par la haine politique ou sectaire ? La vague de violence a atteint ses pires niveaux dans des provinces comme Homs, Hama et Lattaquié, foyers de nombreuses communautés minoritaires chiites et alaouites.

Israël continuera probablement à voir le nouveau gouvernement et les groupes armés islamistes associés dans le sud de la Syrie comme de sérieuses menaces sécuritaires, maintenant potentiellement des alliances avec des groupes qui se sentent marginalisés par la nouvelle administration. La capacité du nouveau gouvernement syrien à consolider le pouvoir tout en évitant la manipulation externe sera critique pour la stabilité du pays et le paysage sécuritaire plus large de la région.

Analyse géopolitique : le remodelage du Moyen-Orient selon Netanyahu

La stratégie israélienne en Syrie s'inscrit dans un projet géopolitique plus large que Benjamin Netanyahu qualifie de remodelage du Moyen-Orient. Profitant de la situation chaotique, l'État hébreu a systématiquement détruit ce qui restait des infrastructures de défense d'un pays en ruine après une décennie de guerre civile. Violant ses propres engagements, Israël a également pris position dans la zone tampon créée après la conquête du Golan syrien et entend réduire encore plus l'accès des forces syriennes à leur propre territoire.

Saviez-vous que le ministre d'extrême droite Bezalel Smotrich plaide ouvertement pour un démantèlement de la Syrie ? Cette vision révèle les véritables intentions derrière l'intervention israélienne, qui va bien au-delà de la simple protection des Druzes. Netanyahu semble faire le calcul que maintenir dans l'instabilité les pays avec lesquels Israël n'a pas conclu de traité de paix, voire les humilier, est une garantie pour sa sécurité.

Cette approche suscite des inquiétudes légitimes concernant l'instrumentalisation des minorités religieuses. Comme l'ont souligné certains dirigeants druzes en Syrie et au Liban, Israël pourrait exploiter les conflits sectaires pour avancer son agenda expansionniste. Les bombardements contre l'Iran du 13 au 23 juin 2025 ont mis en évidence de manière spectaculaire l'hégémonie militaire israélienne, renforçant cette stratégie de remodelage régional par la force.

L'impact sur la transition syrienne et l'avenir des minorités

La délicate transition syrienne est devenue encore plus incertaine à la suite des bombardements israéliens, créant un paradoxe troublant pour les communautés minoritaires du pays. D'un côté, les Druzes et autres minorités craignent légitimement les persécutions sous un gouvernement islamiste dirigé par d'anciens jihadistes. De l'autre, l'intervention israélienne risque d'aggraver leur situation en les associant à un ennemi extérieur.

Pouvez-vous croire que malgré les promesses de protection d'al-Sharaa, la communauté druze reste profondément divisée sur son approche envers le gouvernement de facto islamiste ? Certains ont initialement célébré l'éviction de l'ancien président Bachar al-Assad et de la longue domination autoritaire de la famille Assad, mais ils expriment maintenant des inquiétudes concernant les persécutions potentielles suite aux attaques de groupes affiliés à l'État islamique et al-Qaïda à travers les 14 années de guerre civile syrienne.

Un conseiller militaire senior avec Etana, une organisation de recherche syrienne, a remarqué que l'absence de négociations efficaces menées par l'État pourrait exacerber les divisions entre les Druzes et les Bédouins sunnites, qui se sont affrontés dans le passé. Il suggère que le gouvernement devrait accélérer l'intégration de diverses sectes dans l'armée syrienne pour favoriser l'unité et atténuer les conflits sectaires, mais note qu'à ce jour, aucune de ces initiatives n'a été mise en œuvre.