Les as de la débrouille nord-coréenne : construire sans ciment, sans briques, sans limites

Jun 22, 2025
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Les as de la débrouille nord-coréenne : construire sans ciment, sans briques, sans limites

Quand la débrouille devient un art de vivre en Corée du Nord

Saviez-vous qu’en Corée du Nord, il n’est pas rare de voir des ouvriers bâtir des maisons sans ciment, ni briques, ni même matériaux de base ? Dans un pays où la pénurie est chronique, les travailleurs sont devenus maîtres dans l’art de l’improvisation. Quand il n’y a plus de ciment, on fabrique des briques ; quand il n’y a plus de briques, on les moule avec de la boue et… des résidus de pomme de terre récupérés dans d’autres usines. Cette créativité forcée est devenue un symbole de la survie nord-coréenne, largement relayée sur les forums sud-coréens et dans les témoignages de transfuges. Les communautés en ligne, comme sur Naver ou DC Inside, oscillent entre admiration et ironie face à ces « as du chantier » qui, nés un peu plus au sud, seraient probablement millionnaires.

L’économie planifiée et la pénurie comme quotidien

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La Corée du Nord, fidèle à son modèle d’économie planifiée, souffre d’un manque structurel de matières premières et d’énergie. Les usines tournent au ralenti, l’acier et le ciment sont rationnés, et les équipements modernes sont quasi inexistants. Les campagnes, elles, manquent cruellement de main-d’œuvre et de matériaux, ce qui ralentit tous les projets d’infrastructure. Pour pallier ces déficits, le régime mobilise l’armée et toutes les forces vives du pays, transformant chaque chantier en démonstration de la doctrine juche, cette idéologie d’autosuffisance qui pousse à « faire avec ce qu’on a » – ou plutôt, avec ce qu’on n’a pas.

Le travail forcé : pilier caché du miracle architectural nord-coréen

Derrière chaque bâtiment nord-coréen se cache une réalité sombre : le travail forcé institutionnalisé. Selon l’ONU et Amnesty International, des millions de Nord-Coréens – ouvriers, soldats, étudiants, femmes – sont affectés à des chantiers sans rémunération, sous la menace de sanctions, voire de détention. Les « brigades de choc » et les conscrits militaires sont envoyés sur les sites de construction, parfois pour des années, vivant sur place dans des conditions précaires. Les femmes, souvent principales soutiens de famille, subissent de plein fouet cette exploitation. Les témoignages recueillis par les ONG évoquent la faim, la maladie, la surveillance constante et la violence physique, pour un « salaire » qui disparaît souvent au profit de l’État.

Ingéniosité ou survie ? Fabriquer l’impossible avec rien

Comment bâtir un immeuble sans acier, sans charbon pour chauffer le métal, sans portes ni ornements ? Les ouvriers nord-coréens rivalisent d’ingéniosité : ils tordent le peu d’acier disponible à la main, fabriquent des portes en bois de récupération, sculptent des pierres décoratives sur place. Les briques, parfois faites de boue et de déchets agricoles, sont moins solides mais tiennent debout. Cette débrouille est célébrée par la propagande comme une preuve de la « volonté indomptable » du peuple, mais sur les réseaux sud-coréens, elle suscite surtout une forme de compassion ironique : « Avec ce talent, ils seraient rois du BTP à Séoul ! »

La propagande et l’exportation de la main-d’œuvre : un double visage

Le régime de Kim Jong-un ne se contente pas de mobiliser ses citoyens à l’intérieur : il exporte aussi ses « as du chantier » à l’étranger, notamment en Russie, en Chine ou au Moyen-Orient. En 2025, Pyongyang a annoncé l’envoi de milliers d’ouvriers et de démineurs en Russie, une opération présentée comme un acte de solidarité mais dénoncée par Séoul et la communauté internationale comme une violation des droits humains et des sanctions de l’ONU. Ces travailleurs vivent sous étroite surveillance, privés de liberté, et la majeure partie de leur salaire est confisquée par l’État. Les ONG parlent d’esclavage moderne, tandis que la propagande nord-coréenne glorifie ces « missions internationales ».

Réactions des communautés en ligne : entre humour noir et indignation

Sur Naver, Theqoo ou Instiz, les internautes sud-coréens partagent régulièrement des anecdotes sur les ouvriers nord-coréens, oscillant entre admiration pour leur résilience et consternation devant la brutalité du système. Les commentaires les plus populaires relèvent le paradoxe : « S’ils étaient nés au sud, ils rouleraient sur l’or ! » ou « Faire des briques avec de la patate, c’est du génie ou du désespoir ? ». D’autres dénoncent l’absurdité d’un régime qui préfère bâtir des façades pour la propagande plutôt que d’assurer le bien-être de sa population. Cette ironie amère traduit la fascination et la tristesse que suscite la situation nord-coréenne.

L’architecture juche : entre utopie, contrôle et précarité

Les nouveaux quartiers de Pyongyang, avec leurs immeubles colorés et leurs monuments imposants, sont le visage moderne de la Corée du Nord. Mais derrière ces façades, la réalité est bien différente : la plupart des logements sont réservés aux élites, tandis que la population vit dans des conditions rudimentaires, sans eau courante ni électricité fiable. L’architecture sert autant à contrôler la société qu’à afficher la puissance du régime. Les chantiers sont des lieux de mobilisation politique, où chaque pierre posée est un acte de loyauté plus qu’un progrès social.

Ce que les fans étrangers doivent savoir : au-delà du mythe

Pour les observateurs étrangers, la débrouille des ouvriers nord-coréens peut sembler héroïque, voire fascinante. Mais il faut comprendre que cette ingéniosité est le fruit d’un système qui privilégie la propagande à la dignité humaine. Chaque bâtiment construit sans matériaux, chaque village bâti à la main, raconte une histoire de survie et de résilience, mais aussi de privation et d’exploitation. Derrière le mythe du miracle architectural nord-coréen, il y a des vies brisées, des rêves sacrifiés et une société qui survit en faisant de la pénurie une norme.

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