L’« économie hôtelière » de Lee Jae-myung : mythe viral ou vraie solution pour la Corée ?

Jun 2, 2025
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L’« économie hôtelière » de Lee Jae-myung : mythe viral ou vraie solution pour la Corée ?

L’histoire de l’« économie hôtelière » : une parabole qui fait le buzz

Vous avez déjà entendu parler de l’« économie hôtelière » de Lee Jae-myung ? Depuis quelques semaines, cette parabole économique est au cœur des débats en Corée du Sud. Le principe est simple : un voyageur dépose 100 000 wons à l’hôtel pour réserver une chambre. L’hôtelier utilise cet argent pour rembourser une dette au magasin de meubles, qui paie ensuite le vendeur de poulet, qui à son tour achète des fournitures à une papeterie, laquelle règle finalement sa dette à l’hôtel. Lorsque le voyageur annule sa réservation, il récupère son argent, mais entre-temps, la même somme a permis de régler plusieurs dettes et de stimuler l’économie locale. Pour Lee Jae-myung, cette histoire illustre la puissance de la circulation monétaire et justifie l’intervention publique pour relancer la consommation.

Contexte politique : pourquoi Lee Jae-myung relance-t-il ce débat ?

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Lee Jae-myung, candidat du Parti démocrate à la présidentielle de 2025, a remis cette théorie sur le devant de la scène lors de sa campagne. Il s’appuie sur cette métaphore pour défendre des politiques de relance budgétaire, comme l’émission de bons locaux ou l’augmentation des dépenses publiques, qu’il présente comme des moteurs de la croissance. Son objectif : convaincre les électeurs que l’État peut dynamiser l’économie en stimulant la demande, surtout en période de ralentissement. Mais cette approche suscite de vives critiques, certains y voyant une forme de populisme économique.

Les économistes divisés : entre pédagogie et simplification excessive

De nombreux économistes coréens ont réagi à la « théorie de l’économie hôtelière ». Certains reconnaissent la valeur pédagogique de l’histoire, qui vulgarise le concept de multiplicateur keynésien : l’idée que chaque dépense publique peut générer un effet boule de neige sur la croissance. Mais la plupart des experts dénoncent une vision irréaliste du fonctionnement réel de l’économie. Dans la vraie vie, soulignent-ils, tout le monde n’utilise pas immédiatement l’argent reçu ; une partie est épargnée, une autre sert à rembourser des dettes sans générer de nouvelle production. De plus, la circulation monétaire ne crée pas de valeur si elle n’est pas accompagnée d’une augmentation de la production de biens et services.

Réactions des communautés en ligne : satire, soutien et scepticisme

Sur les forums coréens comme DC Inside, Theqoo ou Nate Pann, la parabole de Lee est devenue un sujet de moquerie et de débats passionnés. Certains internautes saluent l’effort de rendre l’économie accessible à tous, tandis que d’autres tournent la théorie en dérision, la comparant à un « conte pour enfants » ou à une « économie du no-show », en référence à des concerts annulés. Des mèmes circulent, associant la métaphore de l’hôtel à des projets publics ratés, comme l’île artificielle de Turtle Island, souvent citée comme un échec de la politique de relance locale.

La polémique de Turtle Island : quand la théorie se heurte à la réalité

Un exemple concret est venu alimenter la polémique : le projet de Turtle Island à Siheung, promu par Lee lorsqu’il était gouverneur. Malgré d’importants investissements pour créer un parc aquatique et des milliers de commerces, le site est aujourd’hui déserté, avec 90 % des magasins fermés. Les opposants de Lee utilisent ce cas pour dénoncer l’inefficacité de la « relance par la dépense », tandis que ses partisans attribuent l’échec à une mauvaise gestion locale plutôt qu’à la théorie elle-même. Ce débat illustre les limites de l’application directe de la parabole à la politique réelle.

Enjeux culturels et politiques : pourquoi ce débat passionne-t-il la Corée ?

La Corée du Sud traverse une période de doutes économiques : croissance en berne, chômage des jeunes, montée des inégalités et domination des grands conglomérats. Dans ce contexte, les promesses de Lee Jae-myung séduisent une partie de la population qui aspire à des solutions rapides et visibles, comme le revenu de base ou la monnaie locale. Mais l’opinion reste divisée : beaucoup redoutent que ces politiques ne soient qu’un pansement sur des problèmes structurels profonds, et craignent un endettement public croissant.

Analyse d’experts : le multiplicateur keynésien, entre mythe et réalité

Des professeurs d’économie, comme Ahn Dong-hyun (Université nationale de Séoul), rappellent que le multiplicateur keynésien ne fonctionne que si la propension à consommer est élevée. Or, en Corée, une grande partie des ménages utilise les aides pour rembourser des dettes, et non pour consommer. D’autres soulignent que la parabole ignore les coûts cachés et les effets de distribution : si l’État finance la relance par la dette, ce sont les générations futures qui en paieront le prix. Enfin, la théorie ne tient pas compte de la nécessité d’investir dans la production et l’innovation pour générer une croissance durable.

Conclusion : entre espoir, satire et réalisme économique

L’« économie hôtelière » de Lee Jae-myung aura au moins eu le mérite de lancer un débat national sur la politique économique coréenne. Si la métaphore séduit par sa simplicité, elle montre aussi les dangers d’une vision trop schématique de la réalité. Entre pédagogie et populisme, la Corée s’interroge : comment concilier relance, innovation et justice sociale sans tomber dans les pièges de la facilité ? Le débat est loin d’être clos, et la présidentielle de 2025 s’annonce comme un véritable test pour l’avenir économique du pays.

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