Crise politique en Corée du Sud : la bataille pour les présidences des commissions relance le spectre de la « dictature d’un parti »

Un contexte explosif : six mois de chaos et une nouvelle ère politique
Saviez-vous que la Corée du Sud vient de traverser l’une des périodes les plus instables de son histoire démocratique ? Depuis la tentative ratée de loi martiale du président conservateur Yoon Suk-yeol en décembre 2024, suivie de sa destitution en avril 2025, le pays tente de retrouver un équilibre institutionnel. L’élection présidentielle anticipée du 3 juin 2025 a vu la victoire du progressiste Lee Jae-myung, qui a promis de restaurer la démocratie et de réconcilier une nation profondément divisée. Mais à peine la poussière retombée, une nouvelle bataille fait rage à l’Assemblée nationale : le partage des présidences des commissions permanentes, enjeu majeur pour l’avenir du pays.
Pourquoi les présidences de commissions sont-elles si cruciales ?

En Corée du Sud, les commissions parlementaires comme la Législation et la Justice, le Budget ou l’Administration sont le cœur du pouvoir législatif. Leur président décide de l’ordre du jour, contrôle les débats et peut, dans les faits, bloquer ou accélérer l’examen de lois majeures. Traditionnellement, ces postes sont partagés entre majorité et opposition pour garantir un minimum de contre-pouvoirs. Mais cette année, le Parti démocrate (Minju), fort de sa nouvelle majorité de 190 sièges sur 300, refuse de céder les postes clés au Parti du pouvoir au peuple (PPP), l’opposition conservatrice. Le PPP dénonce une « dictature d’un parti » et un déni de démocratie, alors que les démocrates invoquent leur légitimité électorale et la nécessité de stabilité après la crise.
La position du Parti du pouvoir au peuple : dénonciation d’un monopole dangereux
Pour le PPP, le refus du Minju de partager les présidences des commissions stratégiques est un signal alarmant. Ses représentants affirment que sans accès à la commission de la Justice ou au Budget, l’opposition ne peut plus jouer son rôle de garde-fou. Sur les forums comme DC Inside ou FM Korea, les internautes conservateurs parlent de « coup d’État institutionnel » et de « démocratie en danger ». Certains rappellent que la concentration des pouvoirs a souvent précédé des dérives autoritaires en Corée, et que la méfiance envers les majorités écrasantes est ancrée dans la mémoire collective.
L’argument du Parti démocrate : efficacité et légitimité après la crise
Du côté du Minju, la défense est claire : la victoire électorale massive de juin 2025, obtenue après des mois de chaos politique, leur donne le mandat d’agir vite pour réformer le pays. Les blogueurs progressistes sur Naver ou Tistory insistent sur le blocage systématique de l’opposition sous Yoon Suk-yeol et sur la nécessité de « tourner la page » pour restaurer la confiance du public. Ils voient dans la mainmise sur les commissions une réponse temporaire à une situation d’exception, et non une volonté de museler l’opposition.
La société civile et les communautés en ligne : entre lassitude et inquiétude
La crise politique a laissé des traces profondes dans la société coréenne. Sur TheQoo, Instiz ou Daum, les débats sont vifs : certains internautes expriment leur lassitude face aux querelles de pouvoir, d’autres s’inquiètent d’un retour à l’autoritarisme. Un commentaire viral résume le malaise : « On a voté pour la stabilité, pas pour une nouvelle guerre des chefs. » D’autres rappellent que l’histoire récente du pays, marquée par des coups de force et des transitions brutales, explique la sensibilité extrême à toute concentration de pouvoir.
Contexte culturel : la mémoire des dictatures et la quête d’équilibre
Pour comprendre l’intensité du débat, il faut se souvenir que la Corée du Sud n’a connu la démocratie qu’à partir de la fin des années 1980. Les souvenirs de la dictature militaire, des coups d’État et des présidents tout-puissants hantent encore l’imaginaire collectif. La crainte d’un « parti unique » n’est donc pas qu’un slogan politicien, mais une angoisse réelle, alimentée par la volatilité de la vie politique coréenne. Les commentateurs étrangers, dans Le Monde ou France Inter, soulignent que la Corée doit aujourd’hui inventer un nouveau modèle de gouvernance, capable d’assurer la stabilité sans sacrifier le pluralisme.
Quelles perspectives pour la démocratie coréenne ?
À la date du 24 juin 2025, aucun compromis n’a été trouvé entre les deux grands partis. Le Minju menace de faire passer ses réformes sans l’opposition, tandis que le PPP promet de saisir la justice et de mobiliser la rue. Les analystes s’accordent sur un point : la capacité de la Corée du Sud à sortir de cette impasse sans basculer dans la confrontation déterminera la solidité de sa démocratie pour les années à venir. Pour les fans de politique coréenne, la leçon est claire : même après une crise majeure, la lutte pour l’équilibre des pouvoirs reste au cœur de la vie publique sud-coréenne.
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