L'épouse du colonel Im au cœur du scandale : téléphones saisis dans l'affaire du "lobby de sauvetage"

Une perquisition qui ébranle Pyeongtaek

Le matin du 18 juillet 2025, six enquêteurs du parquet spécial chargé de l'affaire du marine mort ont fait irruption au domicile du colonel à la retraite Im Seong-geun à Pyeongtaek, dans la province de Gyeonggi. Ils ont saisi deux téléphones portables - celui d'Im et celui de son épouse A - ainsi qu'un ordinateur portable et une tablette. Cette perquisition marque une escalade majeure dans l'enquête sur le prétendu "lobby de sauvetage" qui aurait visé à protéger Im des poursuites pénales liées à la mort du caporal Chae Sang-byeong en juillet 2023.

Im a publié l'après-midi même sur son café en ligne : "L'équipe de six procureurs spéciaux est arrivée à 8h35 et la perquisition s'est terminée à 11h40. Je coopérerai pleinement avec l'enquête, mais ma famille n'a entrepris aucune activité de lobby." Cependant, les enquêteurs soupçonnent fortement que son épouse a joué un rôle central dans les efforts de sauvetage, notamment à travers ses contacts avec l'entourage de Kim Keon-hee, l'ancienne Première dame.

Retour sur la tragédie de juillet 2023 : pourquoi le caporal Chae est-il mort ?

En juillet 2023, des pluies torrentielles ont ravagé le centre de la Corée du Sud. Le jeune caporal Chae Sang-byeong, âgé de 20 ans, a péri noyé lors d'une mission de recherche et de sauvetage dans la rivière en crue de Seomgang, dans le comté de Yecheon. L'enquête initiale de la police militaire des Marines avait désigné Im Seong-geun comme suspect principal pour homicide involontaire par négligence professionnelle, estimant qu'il avait donné des ordres imprudents malgré les conditions météorologiques dangereuses.

Mais un revirement spectaculaire s'est produit : après que le ministère de la Défense ait repris l'affaire à la police militaire, une nouvelle enquête a blanchi Im et l'a retiré de la liste des suspects. Cette volte-face a immédiatement soulevé des soupçons d'intervention politique au plus haut niveau de l'État, alimentant les rumeurs d'un "lobby de sauvetage" orchestré par des proches du pouvoir présidentiel.

Les nouvelles révélations de juillet 2025 : téléphones militaires et réseaux secrets

L'enquête a pris une nouvelle dimension le 24 juillet 2025, lorsque les procureurs ont perquisitionné le Commandement des communications militaires à Gwacheon pour récupérer les enregistrements du téléphone crypté militaire (비화폰) utilisé par Im en juillet-août 2023. Ces appareils ultra-sécurisés, normalement réservés aux communications sensibles, révèlent des échanges suspects entre Im et Kim Gye-hwan, alors commandant des Marines, juste après la mort de Chae.

Parallèlement, les enquêteurs ont aussi perquisitionné le domicile de Lee Gwan-hyeong, un ancien marine qui avait initialement dénoncé le lobby de sauvetage avant de changer de version et de défendre Im. Ils ont saisi son téléphone et des clés USB, cherchant à comprendre ce revirement mystérieux. Les procureurs soupçonnent Lee d'avoir été "retourné" par l'entourage d'Im pour minimiser les accusations.

La piste chrétienne : quand la foi rencontre la politique

Une dimension particulièrement troublante de cette affaire est l'implication présumée de figures religieuses influentes. Le 18 juillet, les procureurs ont simultanément perquisitionné la méga-église Yoido Full Gospel (dirigée par le pasteur Lee Young-hoon), la station de radio chrétienne Far East Broadcasting (dirigée par Kim Jang-hwan), et les bureaux du député Lee Cheol-gyu du Parti du Pouvoir Populaire.

Selon les enquêteurs, l'épouse d'Im - connue pour être une chrétienne fervente - aurait sollicité l'aide de ces personnalités religieuses proches du président Yoon Suk-yeol. Kim Jang-hwan et Lee Young-hoon sont des conseillers spirituels officieux de l'ancien président, ayant participé à des déjeuners privés et des prières nationales avec lui. Cette instrumentalisation des réseaux chrétiens pour influencer la justice militaire soulève des questions profondes sur la séparation des pouvoirs en Corée du Sud.

Ce que disent les communautés en ligne coréennes

Les forums coréens bouillonnent de commentaires passionnés sur cette affaire :

• **Naver** : Réactions mitigées entre appels à la transparence et scepticisme sur les motivations politiques. Un commentaire représentatif : "Si les preuves montrent une intervention présidentielle, il ne doit y avoir aucune pitié."
• **Daum** : Les utilisateurs exigent une justice rapide mais mettent en garde contre une "chasse aux sorcières".
• **DC Inside** : Débats enflammés sur le rôle des réseaux religieux en politique, avec des critiques acerbes des "pasteurs VIP".
• **FMKorea** : Critiques transversales des partis au pouvoir et d'opposition pour leurs jeux de pouvoir présumés.
• **Theqoo** : Sarcasmes sur la justice divine : "Quand tu pries dans une méga-église, ton péché est-il effacé ?"
• **Nate Pann** : Indignation face à la pression religieuse présumée, avec des appels à "nettoyer les églises de la politique".

Clés culturelles pour comprendre le contexte coréen

Pour les lecteurs étrangers, plusieurs éléments culturels sont essentiels pour saisir l'ampleur de ce scandale :

**Le service militaire obligatoire** : Tous les hommes coréens doivent servir environ deux ans, rendant les accidents militaires particulièrement sensibles. La mort de jeunes conscrits touche une corde sensible appelée *han* - un ressentiment collectif profond qui exige réparation.

**Le protestantisme et le pouvoir** : Contrairement à d'autres pays d'Asie de l'Est, la Corée du Sud a une forte tradition chrétienne évangélique. Les méga-églises comme Yoido Full Gospel comptent des centaines de milliers de fidèles et exercent une influence politique considérable.

**Les téléphones militaires cryptés** : L'utilisation de 비화폰 (téléphones sécurisés) en dehors des opérations officielles est suspecte. Leur mention dans cette affaire suggère des communications secrètes au plus haut niveau.

**La culture du *nunchi*** : Ce concept coréen de lecture sociale subtile explique pourquoi tant d'acteurs (religieux, politiques, militaires) se sont mobilisés discrètement pour "sauver" Im sans jamais l'avouer ouvertement.

Que nous réserve la suite ? Scénarios possibles

Plusieurs développements pourraient secouer la Corée du Sud dans les semaines à venir :

**Scénario 1 - L'escalade judiciaire** : Si les experts en informatique légale trouvent des messages compromettants dans les téléphones saisis, Im pourrait être de nouveau inculpé, cette fois avec sa femme comme co-accusée.

**Scénario 2 - L'implosion politique** : Un lien confirmé avec Kim Keon-hee pourrait relancer les appels à des poursuites contre l'ancienne Première dame, fragilisant davantage l'héritage de Yoon Suk-yeol.

**Scénario 3 - La crise religieuse** : Les procureurs envisagent de convoquer l'épouse d'Im et les pasteurs impliqués. Tout refus de comparaître aggraverait les tensions entre le pouvoir judiciaire et les églises.

**Scénario 4 - La réforme militaire** : Les familles de militaires morts pressent pour réformer la justice militaire, qui depuis 2021 dépend des tribunaux civils mais conserve des zones d'opacité troublantes.

Conclusion : un miroir de la société coréenne moderne

L'affaire du caporal Chae dépasse le simple drame personnel pour révéler les collisions entre hiérarchie militaire, réseaux religieux et ambitions politiques. Chaque nouveau téléphone saisi, chaque document divulgué ajoute des chapitres à un feuilleton qui expose la lutte coréenne pour la transparence démocratique.

Les téléphones confisqués reposent maintenant entre les mains d'analystes judiciaires. Dans leurs puces électroniques pourrait se cacher la clé pour répondre à la question qui résonne dans les forums et les cafés de Séoul : qui protège vraiment le colonel Im ? La réponse pourrait redéfinir les rapports entre pouvoir civil, autorité militaire et influence religieuse dans la Corée du Sud du 21e siècle.